Anthony:

Après un long voyage assez éprouvant (multiples retards) nous avons mis pour la première fois nos pieds en Afrique. Rencontre avec Frederica une vénézuélienne-sud-africaine qui parle très bien le français et qui toute la journée nous organise une visite privée de Johannesburg. Le dépaysement est bien là. On tourne autour de ces grattes ciels et frederica nous embaume de l’amour qu’elle a pour sa ville qui ne demande qu’à sortir du cliché qui lui colle à la peau. En ce qui nous concerne le dépaysement est bien là: il fait frais, parfois froid et tout est très sec. Pour le méditerranéen que je suis la saison sèche est synonyme de saison chaude, ce n’est pas le cas ici. Frederica bougonne contre ce froid glacial... bon elle exagère un peu il fait 7 degrés... Mais on la pardonne elle est africaine! 😜 surtout elle nous fait vibrer! Elle nous explique les tourments de son pays, l’horreur de l’apartheid et l’immobilisme toujours présent qui empêche à cette nation de se réveiller. Pourtant elle en a vécu des tourments... Tout y passe: le désastre de la venue des européens, la perfidie des anglais, la dictature blanche, la résistance noire (mais aussi blanche), l’hypocrisie anglaise (encore), et les petites guerres entre ethnies une fois la démocratie implantée... 

Il y en a du travail encore à accomplir, les écarts de richesses sont phénoménaux, on se ballade dans soweto et la misère nous saute au visage, comme certains mandiants, mais Frederica nous assure: on ne risque rien. Elle plaisante avec les habitants et nous dit de ne surtout pas donner de l’argent, qu’il fait plutôt ou donner à manger ou donner du travail... mais dix mètres plus loin elle ne résiste pas aux larmes d’un habitants qui lui explique son histoire et lui donne un billet. Elle est tout en contraste: forte et tendre, ferme et généreuse. Elle a mal en son pays mais y croit encore. Elle regrette que la corruption prenne le dessus, et oui même ça on leur a donné... ils n’ont pas de Publifin mais ce sont les mêmes histoires puissance mille. Elle nous dit que Nelson Mandela lui manque:

« un Grand Homme comme lui on n’aura plus jamais tu sais? Plus jamais! L’école ne fait pas son travail, on nous montre les horreurs des camps de concentration nazis, mais l’apartheid est peu ou mal enseigné, c’est absurde»... si tu savais comment on enseigne la guerre d’Algérie ou la colonisation belge au Congo ma chère Frederica tu verrais que là non plus on n’a aucune leçon à vous donner... bref elle rêve Frederica. Elle rêve que son pays redevienne grand, que les peuples puissent se regarder et se serrer dans les bras. Elle rêve d’un pays à l’image de son drapeau: noir et blanc pour les ethnies, jaune pour la richesse du sol, vert pour la richesse de la terre et le bleu du ciel pour oublier le rouge du sang versé, le tout dans une forme de « Y » représentant le rassemblement, le « peace and love ». Bref elle rêve du mot le plus important de sa devise nationale: « la réconciliation ».

Merci Frederica tu as été une guide formidable. Demain on prend la route... seuls cette fois ci 😊