Etosha J 32-33-34

Après avoir tremblé sous le regard des lionnes d'Hobatere, nous partons pour trois jours dans Etosha. Le plus grand sanctuaire de la vie sauvage en Namibie. Un parc national grand comme 3/4 de Belgique. Vous ne rencontrerez personne en Namibie qui ne vous en parelara pas. Ouvrez votre livre d' images et partez à la rencontre du lion et de la girafe que maman et papa vous decrivaient avec des mots très expressifs pour parler de leur grandeur. 


 Du big four (le buffle n'étant pas présent à Etosha) aux serpents en passant par des oiseaux aux jolies couleurs arc-en-ciel, ce territoire leur appartient Après 16 safaris c'est l'heure de l'examen de fin de voyage. Nous mettons en pratique tout ce que nos différents guides nous ont appris et repérons par nous-mêmes les traces de pas, déchets naturels, arbres déracinés, la présence d'autres animaux. Nous serons seuls à bord de Simone pour notre game drive. Puisqu'il s'agit d'un jeu, nous pourrions résumer Etosha par ces quelques règles: 

- zèbres et impalas et sprinbocks = 1 point 

- oryx, steenboks, koudous et gnous = 5 points

- bubales, dick-dik, chacals, girafes = 10 points

- éléphants = 20 points

- hyènes = 30 points

- lions = 40 points

- rhinocéros = 50 points

- guépard = 60 points

- léopard = 100 points


Nous entrons par la porte ouest du parc. Il ne nous a pas fallu longtemps pour être surpris par un éléphant sur la droite de la route. Le pachyderme nous regarde l'oeil interrogateur avant de continuer sa route. Il est important ici de comprendre que nous sommes seuls dans notre voiture et que les animaux sont absolument sauvages. Il ne s'agit pas d'un zoo où nous pouvons nous rendre d'un point à un autre pour observer les animaux. Il est d'ailleurs interdit de sortir de sa voiture. Et npus signons une charge de responsabilité en cas d'incident. Si nous voulons voir les animaux il faut donc connaitre leurs habitudes, leurs traces, leur heures de chasses, leur lieux de vie mais Il faut aussi de la chance: être au bon endroit au bon moment. On peut toutefois forcer un cette chance en se rendant vers les points d'eau naturels qu'offre le sous sol calcaire.


Nous continuons notre route et nous nous étonnons des premièrs zèbres et des nombreux impalas et oryx qui traversent la piste (c'est comme ça qu'on repère ceux qui viennent d'entrer dans le parc). 

Nous arrivons au point d'eau d'Onzonjuiti m'Bari où des centaines de zèbres et d'impalas s'ébrouent autour de la grande flaque d'eau. Soudain, dans la cohue générale, comme d'un commun accord, tous les animaux se déplacent en courant dans un sens. Derrière le nuage de poussière se soulevant sous les milliers de coups de sabots, le lion à la crinière de feu vient de se lever. Nous ne l'avions meme pas vu. Il est accompagné de deux femelles à la bouche ensanglantée. Chacun de leur mouvement génère une panique dans le groupe d'herbivores qui préfèrent toutefois rester à proximité du point d'eau. Comme si le spectacle n'en finissait pas, au loin surgissent un attroupement d'éléphants qui se ruent sur le point d'eau. Les lions n'emmènent pas large et font de la place à la dizaine de pachydermes assoiffés.


Malheureusement, la fin notre show sera gâché; alors que nous décidons de redémarrer, notre batterie est à plat. Plus moyen d'avancer. Dehors, ce n'est plus un décor idyllique d'animaux vivant en harmonie mais un amas de sabots, de crocs ou de mastodontes prêts à charger. Il nous est impossible de sortir de notre voiture. Après de longues minutes à supplier de l'aide dans un endroit où tout réseau est mort, nous supplions un conducteur de car de nous aider. Nous sortons de la voiture et commençons à la pousser tandis qu'à 10 mètres de nous, derrière les touristes calfeutrés dans leur 4x4, les félins les plus dangereux scrutent leur cheptel. Espérons ne pas en faire partie. La voiture redémarre. Après de vifs mais brefs remerciements, chacun sprinte dans sa voiture sains et saufs. Notre Simone est vieille et sa batterie est presque à plat. Laisser les phares allumés pendant notre observation n'était pas une bonne idée. C'est donc le ventre noué par le stress de la situation, que nous faisons tourner Simone pour redonner vigueur à son coeur fatigué. Combien de fois est-elle venue à Etosha ? Et combien de kilos de sable du Kalahari a-t-elle du filtrer pour nous accompagner sur ces routes. Au poste de Okaukuejo, nous faisons un plein et faisons un test de redémarrage. Ouf! Le coeur de Simone bat, sa gorge vrombit, son ventre est plein. Après notre repas, nous pourrons rependre notre safari. 

L'après-midi est chaude et les animaux n'aiment pas s'exposer au soleil. Notre game drive d'après-midi est donc moins exaltant au nombre d'animaux. Finalement, se sont les éléphants qui se montrent le moins timides. Nous en voyons par dizaine puis plus rien pendant de longues heures. Vient alors un trio d'éléphants devant notre voiture. Réveillés d'un coup sec, nous accélerons vers eux. Bien mal nous en a pris! Le mâle, surpris par la présence de Simone, se retourne en pivotant sur ses pates arrière. L'espace d'une seconde, animal et humains sont figés. Le temps s'arrête, puis redémarre aussi sec. Les oreilles de l'animal s'ouvrent largement, sa trompe se raidit. Anthony au volant delande à Salvatore quoi faire. Reculer! Suite de mauvaises décision, notre marche arrière excite l'animal qui se met à charger, les oreilles toujours aussi tendues que possible, la trompe droit vers nous. Anthony conduit notre bolide pied au plancher en marche arrière comme un pro malgré les virages et les buissons. L'animal avance mais garde ses distances. Nous nous arrêtons, bloqués contre un buisson épineux. L'animal se stoppe. Nous ne sommes pas encore assez loin pour notre opposant qui chargea une seconde fois. Qu'à cela ne tienne, Anthony force le buisson à plier sous la force de Simone (pourvu que son coeur ne lâche pas!). Nous voilà reculant à nouveau nous demandant si l'animal finira par accepter notre distance. L'éléphant s'arrête, enfin. Nous aussi. Nous pouvons encore le voir à une vingtaine de mètres. Il se met en travers de la route comme pour nous barrer le passage. Dans une extrême délicatesse, Anthony tente de mettre la voiture dans le sens que nous indique l'éléphant. Mission délicate car nous sommes entre un tas de buissons de part et d'autres. Si l'éléphant décide de nous charger pendant notre manoeuvre, nous serons les nouvelles Jimmy Choo de notre pachyderme. 


Nous redemartons et cette mésaventure est derrière nous. Au final, l'éléphant a réagit selon son propre instinct et nous avions oublié que nous étions chez lui et pas l'inverse. A nous de nous plier à ses règles. Mais nous sommes tout de même un peu sonnés par l'état de choc. Le ciel est crépusculaire et nous rentrons au camp où un dernier point d'eau nous permet d'assister au bal des animaux. S'alternent éléphants venus par dizaines, puis giraphes, chacals et enfin le rhinocéros. Nous aurons donc pu voir 3 de nos big four avant de nous coucher. Le léopard restant désespérément très discret. 


Après une nuit agitée entre l'après- coup de la charge et les nombreux cris étranges de la savane, nous nous levons hagard de la tente et nous voyons deux rhinocéros dormant côte à côte près du point d'eau. Bienvenus dans la deuxième journée dans le parc d'Etosha. Depuis hier, nous avons décidé que nous allions jouer aux Robinson bourgeois et que nous ne cuisinerions plus en camping, la lampe torche sur le front, la machette en main pour trois miettes de thon. Nous prenons donc nos repas dans les restaurants de camping. La nuit ayant été bien blanche, la journée risque d'être fatigante. Rester des heures entières à sonder le bush, scruter le moindre mouvement dans l'espoir de voir de nouveaux animaux rares, cela demande beaucoup d'énergie. D'autant plus que nous éviterons de nous faire courser à nouveau par des éléphants! 

Notre journée commence pourtant sur un énorme coup de bol. Aux abords de la route, juste pour nous, deux lionnes se partagent un territoire. Allongées sur la terre poussierreuse, nos deux reines observent l'horizon et semblent poser pour nous. Ce spectacle est d'une beauté sans pareil. Puis, une troisième sort du bush. Cette journée comptabilise donc déjà deux big five. Après 15 minutes à nous émerveiller devant celles qui auraient pu nous grogner dessus comme à Hobatere, nous les laissons à leur vie sauvage et décidons de tenter notre chance ailleurs. 


Nous roulons un moment avant d'avoir un frisson d'extase ! Une voiture arrêtée en face de nous scrute le bush. Nous nous arrêtons aussi et cherchons ce qui a éveillé l'intérêt des touristes dans l'autre voiture. Là, le souffle coupé nous identifions une robe tachetée: est-ce un guépard allongé sur le flanc ? Un léopard ? L'animal relève la tête comme pour accepter son identification. Il s'agit d'une hyène. Bon, nous n'aurons toujours pas les 100 points mais c'est notre première hyène. Et celle-ci nous impressionne. 

La suite de notre self drive sera plus léger. Nous sommes clairement fatigués, la chaleur accable notre attention et les animaux rencontrés sont souvent les mêmes : oryx, impalas, gnous, zèbres et girafes. Nous adorons leur compagnie mais cherchons encore les perles rares. Nous nous approchons avec bien plus de précaution des éléphants et, telles les chutes de cheval, nous apprenons à dépasser notre peur d'hier en apprenant de nos erreurs. 

La fatigue nous assomant, la nuit sera faite d'une traite. Nous repartons le lendemain pour une ultime journée safari. Objectif : léopard et guépard. Nous savons à quel point cela relève de la chance. Mais nous sommes là pour jouer! 


Nous voilà repartis tôt pour de longues heures de route. C'est aux matines que les animaux se montrent plus facilement. Alors que la troisième partie du parc semble plus feuillue, Anthony repère au loin deux gros rhinocéros noirs profitant de leur petit dejeuner. C'est finalement nous qui avertissons les autres touristes du spectacle animal sur notre droite. 

Nous prenons de l'avance et repartons vers les d'autres points d'eau. Au menu, des gnous, de l'oryx, de l'impala, des girafes, énormément de zèbres et quelques éléphants solitaires. Nous longeons le pan principal du parc. Immensité sèche. La blancheur de la craie que nous faisons voler en poussière derrière nous et qui se retrouve partout sur les arbres, sur les buissons... un paysage enneigé sous 29 degrés. Notre peau est assèchée et nous remarquons que la blancheur des éléphants est due à cette poussière de calcaire que l'on retrouve dans toute cette partie du parc. Elle trouve son origine dans la création de ce lac qui de l'extérieur semble sec. 

Notre dernière journée nous permet d'assister à de magnifiques scènes de la vie sauvage. Nous photographions sur le même cliché des zèbres, des impalas une giraphe et un éléphant. Nous regardons avec quelle précaution la girafe se met en danger quand elle doit pencher son long coup pour rafraîchir son corps immense, alors que l'éléphant se fait un bain de poussière blanche. 


Notre journée ne serait pas complète si nous ne pouvions pas revoir un félin.

Dans un nouveau point d'eau, un amas de voiture scrute les environs. Il se passe quelque chose... nous demandons aux rangers dans les autres voitures : trois lionnes sont cachées dans le bush. Nous attendons patiemment de les observer mais leur fourrure jaunâtre se confond aux herbes de la savanes. C'est encore les éléphants qui viendront modifier ce partage du territoire. Un, deux, trois...dix-sept éléphants viennent s'abreuver sur le même point d'eau. Avec une méthodologie si bien huilée, ils plongent leur trompe dans la flaque pour en aspirer le précieux liquide avant de mettre en bouche leur trompe. Un éléphanteau peine à comprendre le système et souffle de l'air pour faire des bulles dans l'eau. Il s'en éclabousse sur le corps ainsi que les jambes de sa nourrice qui le protège. Devant ce tableau comique, on en oublierait presque que à dix mètres de là se trouvent trois lionnes encore trop peu visibles. Nous décidons de nous déplacer ; les lionnes restant discrètes. 


C'est alors qu'un vieil éléphant choisit de partir du point d'eau et se dirige droit vers l'endroit où sont sensées se cacher les trois félins. Ces dernières bondissent de leur cachette et ne font pas les malignes devant le vieux bougre. 

Deux disparaissent vers un autre bush plus loin tandis que la troisième entend bien montrer à ces envahisseurs ce que sont les lionnes pour la savane. Ainsi, notre troisième reine se pose, imperturbable, en face du premier pachyderme. Ce dernier, las, passe son chemin et s'écarte de cette scène à un rythme qui lui sied. La lionne gagne du terrain et se place juste en face du troupeau d'éléphants qui gazouillent dans l'eau. Fermement, elle grogne pour annoncer qu'elle est là et qu'ils ne sont que des invités. (Voir photo ci dessus) Mais nos nomades regardent avec indifférence les efforts de notre courageuse. Ils finissent par partir une fois avoir décidé de poursuivre leur route. 


C'est avec cette scène exceptionnelle que nous quittons le parc d'Etosha. Notre récit n'est peut être pas celui d'un zoologue, décriptant les comportements des animaux. C'est aussi pour cela que nous nous remplissions d'émotions à chaque decouverte. Ces moments sont impossibles à observer en Europe. Salvatore rêvait de ce parc depuis le début du projet: observer les animaux. Et nous ne méprisons pas ces innombrables oiseaux qui se penchaient en observateur au dessus des branches nues des arbres, ouvrant leurs ailes à notre passages pour nous fuir ou nous montrer leurs inombrables couleurs. 


Encore un récit long qui montre la richesse de ce continent qui nous a soumis (hypnotisés?) sous son charme. Les safaris sont certainement un de nos plus gros coups de coeur de cet incroyable voyage. Tous ces animaux parfois timides ou menaçants sont sortis de leurs livres d'images pour nous paraître aussi puissants que dans nos yeux d'enfants mais bien fragilisés dans notre regard d'adultes. Le guépard et le léopard ont pris soin d'éviter nos appareils photos et tout cela nous donne forcément l'envie de revenir sur ce continent. Poursuivre l'inattendu et l'observation de la vie sauvage...pourvu qu'elle persiste!