Nous avons laissé le confort 5 étoiles et la solitude de notre tente au bord de la rivière pour nous replonger sur la route et manger des kilomètres d'asphalte. Mais notre regard est attiré par la chaine de montagne que nous gravissons en direction du Swaziland. Nous avons une légère appréhension à passer le post frontière. Et pour cause, sortir d'Afrique du Sud est une chose, passer au Swaziland en est une autre. En tout, nous devrons passer trois douanes, une pour l'Afrique du Sud, une pour le Swaziland, une pour la permission d'entrer avec notre véhicule sur le territoire. Nous désirions passer le plus discrètement possible, mission impossible! Nous sommes mardi 10 juillet 2018. Le monde est rivé sur sa télé. Anthony, le français ; Salvatore, le Belge. Deux stars sont en train de passer la douane. Tout le monde y va de son commenraire et de ses pronostics, nous demandant notre avis éclairé. Comment leur dire? D'un coup, les Bleus et les Rouches sont en nous. Nous devenons des supporters acharnés prêts à se battre pour la coupe. Tout le monde rit avec nous et le rire devient notre meilleurs laissé-passer. Un garde nous oblige à prendre le journal gratuit pour nous tenir au courant de toutes les activités culturelles du royaume. Swaziland, tu nous es déjà fort sympathique. Nous décidons à quelques kilomètres de la frontière de faire une halte dans une fabrique de verres où de nouveau, tout le monde remarque notre langue et nous demande d'où on vient. Cela devient un jeu, nous commençons à jouer aux vrais rivaux. Et visiblement, de ce côté-ci de la planète, on souhaite voir la Belgique gagner. Une dame nous montre tous ses pronostics et nous en profitons pour faire un cours de langue swazi. Ne demandez pas, on a oublié. 


Nous en profitons pour faire quelques achats et nous dirigeons vers la réserve de Mlilwane. La barrière franchie, nous entrons directement dans la savane plane, dense et jaune et rouge. Partout autour de nous paissent les impalas, les zèbres, les oryx. Des frissons intenses nous parcourent. Nous sommes ensuite conduits vers notre chambre... enfin, notre hutte! Une veritable tente Swazi construite avec des herbes hautes de la savane. Rudimentaire comparé à la tente précédente. La tente à côté est en train d'être tissée par des femmes swazis. C' est minutieux mais aussi très convivial. Dans la tente nous appréhendons une forte humidite pendant la nuit mais ces craintes s'avereront infondées. Il nous est très clairement demandé de faire une utilisation responsable de l'eau. 

Nous décidons de partir à la découverte de la réserve connue pour ses hippopotames et ses phacochères. Nous décidons de le faire à vélo. Enfin, Anthony le fait à vélo, Salvatore le fera à côté du vélo. Nous pistons les zèbres et les impalas, nous les photogtaphions et nous profitons de ces rayons chauds du soleil d'hiver (on a vraiment écrit ça ?) Les hippos font une sieste à côté des crocodiles dont les plus perfides restent proches des bords, immobiles, tel un bâton flottant. Nous nous écartons et partons nous restaurer.

A l'extérieur du restaurant, un feu de camp a été mis en place afin de partager son experience avec d'autres voyageurs mais l'animal étant chez lui, ce sont les phacochères qui ont élu domicile pour la nuit aux meilleures places. Les humains sont donc assis juste derrière, à quelques centimètres des bêtes qui ronflent en rêvant de délicieuses racines. 

Ailleurs, ils ont installé la télévision pour assister au match mais nous restons au coin du feu. Nous discutons de notre voyage avec d'autres personnes et au dessus de nos tête, les constellations australes nous éclairent. Un peu plus que la Belgique qui semble avoir perdu sa bonne étoile. Les Swazis passent d'un air déçu en disant à Salvatore : "Ce sera pour la prochaine fois." Ils felicitent Anthony "bravo et bonne chance pour la finale"... Tout le monde ici semble croire que nous sommes des fervents supporters de notre equipe nationale respective et nous apprecions jouer le jeu mais il est temps d'aller dormir. Pour nous, c'était une sacrée belle journée ! 


Le 7 ième jour n'est pas celui du repos. Après un petit-déjeuner au bord du lac où les serveurs s'amusent à exciter un crocodile, nous partons de bonne heure vers le sud de la réserve, traversant la savane et les bois. Encore le temps de prendre des photos et nous retournons vers le camps. Nous choisissons ensuite d'aller vers un village traditionnel afin d'assister à la presentation d'un village Swazi. Nous craignons d'abord de tomber sur un Disneyland de la vie Swazi. Notre guide nous présente les choses comme telle: "Nous vous représentons notre culture mais ce n'est plus tout à fait ça. Nous essayons de correspondre aussi à une attente du touriste. Les choses au moins sont plus claires, plus acceptables. Nous assistons à un show tout en couleur. Danse, chant tribal, on vibre avec les tambours. Les femmes et les hommes lancent leur jambes si haut qu'on est impressionné par leur agilité. Des enfants d'une ecole swazie assistent à la representation. Ils ne peuvent s'empêcher de danser, chanter comme si ces chants faisaient deja partie d'eux. Alors que nous pensions avec notre coeur d'adulte que le spectateur doit se taire et regarder le leur leur disait chanter er danser, n'avaient-ils pas raison quand on voit la fete que ça a donné? Puis les danseuses invitent Anthony à danser. L'occasion de se moquer pour Salvatore. 


La danse se termine avec une visite du villlage et des huttes. Bon, la vie Swazi étant un rien bien machiste, on demande à notre morale de s'arrêter pour être de vrais anthropologues, de peur d'être jetés par dessus la montagne comme ils le faisaient avant d'avoir une constitution. Il est quand même bien dur de ne pas rire à certaines choses qui nous paraissent tellement en contradiction avec notre mode de vie. 


Nous décidons ensuite d'approfondir notre connaissance des lieux en visitant un petit coin de paradis. De la falaise se jette une cascade d'où part une rivière calme éfleurant de gros cailloux où se reposent des crocodiles . Nous contemplons les lieux une dernière fois avant de repartir vers un autre village. Connu pour son marché traditionnel. Objets en bois, bougies en forme d'animaux. Le savoir-faire nous impressionne. Nous observons ces hommes tailler le bois avec de petits instruments afin de faire naître la forme parfaite d'une girafe gracile. L'homme, les mains blanchies par la sciure de bois, nous confie que pour créer ce bout de bois qu'il a en main, il lui faudra 5 jours, celui là plus petit 4. Il est prêt à nous faire un prix sur son travail. Ce n'est pas de la condescendance que de jouer au marchand, eux-mêmes proposent un prix et marchandent leurs produits avant même que vous ne le désirez. Lorsque l'on compare prix et le savoir faire, nous nous retrouvons avec une oeuvre pour 6euros. Pas cher le boulot de 4 jours ! 

Nous quittons ce petit village afin de faire deux trois courses dans une ville proche de l'ambassade americaine. Changement de style. Le bâtiment ultra sécurisé est juxtaposés à une galerie de luxe où viennent se garer de belles voitures. A notre retour, après un apéro à admirer la savane, nous nous retrouvons comme hier autour du feu où les phacochères viennent s'alanguir. Les crépitements nous reposent. Nous écrivons ces lignes pour partager mais aussi pour nous rappeler que ces moments, en dehors du TGV qu'est nos vies, comptent.

Anthony et Salvatore.