Jours 8 à 9: réserve naturelle de Hluhluwe.

La brume envahit encore la vallée de millwayne que nous devons déjà nous lever pour rejoindre la patrie de Nelson Mandela. Plus de 4 heures de routes durant lesquelles nous traverserons tout le pays swazi. A mesure que nous nous éloignons des grosses villes, les villages deviennent de plus en plus rudimentaires, les petites maisons avec jardins laissent la place aux tentes traditionnelles, le linge étendu sur des fils, les villages semblent désordonnés, sans rues. De temps à autres une « ville » large de quelques centaines de mètres faite de tôle et de bidons pointe à l’horizon. La plupart de ces gens n’ont certainement jamais vu le capitale située à quelques dizaines de km. On vend tout ce qu’on peut: des légumes, des bouts de bois taillés... les gens semblent marcher dans les rues sans but sur des routes les séparants à des kilomètres du prochains villages. Dans ce poignant chaos, les écoliers vêtus d’un magnifique costume bleu marine longent notre route en sens inverse. Pour eux aussi, la route de l’école se fait à pieds ou en taxi/camionnette sur de nombreux kilomètres. Comment dès lors les imaginer arriver à l’heure? Ont ils seulement une heure d’arrivée? Une cloche? 


Nous mangeons l’asphalte et au bout de deux bonnes heures nous traversons le poste frontière, le temps d’accomplir les formalités et nous rejoignons l’Afrique du sud. Tiens, personne ne nous parle du match? Ça y est, les préoccupations sont déjà ailleurs. 


Une route longue et droite nous amène presque directement à la réserve naturelle de Hluhluwe (prononcée chouchouwé). Ici nous pouvons faire notre safari avec notre propre voiture. Evidemment, il est formellement interdit d’en descendre. Nous entrons sur la Terre des prédateurs « attention aux lions, léopards, guépards buffles et éléphants ». La porte franchie, le safari commence. A peine 1 km plus loin nous tombons nez à nez avec un Buffle, un des big five. Celui-ci nous coupe le chemin et passe, d’un pas nonchalant à côté de notre voiture. Pour comprendre l’excitation et la peur qui peuvent se dégager à ce moment-là, il faut avoir en tête que les big five sont les plus dangereux animaux pour l’homme et donc les plus recherchés. Lion, léopard, buffle, rhinocéros, éléphant, tous fascinants autant que dangereux pour deux pauvres Européens dans une Ford Fiesta. Nous poursuivons notre safari jusqu’à la réception. Réjouis de faire un nouveau game drive avec un ranger au soir. 

Salvatore ressent la fatigue de la route, ses batteries sont à plat. Anthony ne peut plus se contenir de sa rencontre avec le deuxième big five. Devinez celui qui aura raison de l’autre ? Deux heures de plus dans la voiture à traquer les forces de la nature. Le bush est haut, l’observation est difficile depuis notre petite voiture, mais la tension (l’attention ?) est double. Soudain nous apercevons un 4x4 à l’arrêt nous décidons de faire de même pour observer les alentours. Et là, surgis du temps des dinosaures nous apercevons nos premiers rhinocéros sauvages de notre vie! Deux rhinocéros accompagnés de leurs deux enfants. 😍😍. Ils ont encore leur corne ce qui est assez rare. Nous savourons la rencontre. 

Au retour de notre « self-Safari », Salvatore croit se diriger vers la ranger mais il se trouve que celle-ci est une allemande avec laquelle nous avions plaisanté au Blyde River Canyon: Jessie! Une Teutonne qui vous fait oublier vos préjugés sur eux: elle fait persister un sourire et un humour qui vous met à l’aise dès le premier échange.Elle nous parle de la chance qu’elle a eu ce matin: des éléphants et des lionnes avec leurs lionceaux. Nous décidons de faire le safari avec Jessie. Bongui sera notre ranger, il se présente, fait rapidement connaissance et nous demande ce que l’on souhaite voir. Dans un safari, tout est question de temps et de patience. Nous imaginons souvent, à travers nos plus beaux premiers bouquin sur les animaux et les films de Disney que les Ours parlent avec les guépards et que les impalas s’inclinent devant les lionceaux. Réunis sur la page de garde de ces beaux livres,nous imaginons trouver un endroit où il est possible de les observer tous ensemble. Il n’en est rien. Vous pouvez rouler des kilomètres sans observer rien d’autre que la flore. A notre surprise, lorsque la nuit tombe, nous avons le plaisir de voir plusieurs rhinocéros et des chats sauvages qu’ici ils appellent « Genate » (prononcez « Ginette »). Des mini-Leopards pour lesquelles, sans prétention, nous avions l’œil. Nous en avons trouvé rien qu’avec nos yeux pas moins de trois, en pleine nuit ! Mais tout le monde ne peut pas avoir l’œil d’un ranger, d’ailleurs Bongui à réussi à capter un caméléon. Nous apercevons des troupeaux de buffles paissant l’herbe tels un groupe de Jamaïcains écoutant du Bob Marley. Pour ce soir, ni éléphants, ni félins hors les « Ginettes ». Le froid commence à nous donner des crampes et sommes presque heureux que le safari se termine. 21h30-22h, aller dormir! Demain, à 5h, un autre safari u programme. Nous commençons à nous habituer à ces nouveaux horaires. Enfin, surtout Anthony. Salvatore se montre plus réservé le matin, tel un guépard, difficile à le cerner... enfin, si justement,il est très cerné mais content de prendre part à l’aventure.


Le ciel est rouge violacé. Nous avons encore besoin de lampes pour repérer les animaux jusqu’au levé du soleil. A peine démarrés nous apercevons une girafe prenant son petit déjeuner et un rhino terminant sa nuit. Serait-ce notre jour de chance? Bongui nous explique que la plupart des rhinocéros dans le monde sont originaires d’ici car durant les années 90, le gouvernement s’est rendu compte que l’espèce avait quasiment disparu. Hluhluwe était devenu le seul contenant encore suffisamment de rhinocéros blancs pour éviter son extinction. C’est donc d’ici qu’à débuté « l’opération rhino ». Aujourd’hui, on en dénombre plus de 20 000 sur Terre. Ça reste peu, d’autant plus qu’ils restent menacés et fortement prisés pour leur corne. Beaucoup de parcs naturels sont menés à les protéger en leur coupant les cornes. Quelle tristesse! L’humain est un être nuisible. Nous allons en faire l’amère expérience. Un peu plus loin, une lionne et ses trois lionceaux marchent, jouent et font le spectacle devant un attroupement de voitures amusées). Déférence des spectateur oblige, tout le monde se fait discret afin de jouir de ce moment d’une extrême rareté. Les lions ne semblent pas du tout effrayés. Mais pour nous, le spectacle fut de courte durée. L’humanité ayant rappelé toute sa laideur, son égoïsme et sa stupidité. Un bus avec à son bord 3 touristes, certainement pressés de manger un bout à la cafétéria en haut du parc, décide de forcer le passage. Il fait ses appels de fare pour effrayer les lionceaux qui ne bougent pas. Il décide donc de rouler vers eux. La lionne se cache dans le bush, elle est rapidement suivie par ses trois rejetons. Une rage mêlée d’une infinie tristesse (et même un peu de honte) nous emporte. Nous n’avons pu profiter du spectacle que 20secondes. Horreur ! Bongui nous disait juste avant que les animaux sauvages ne sont pas effrayés par les 4x4 si on leur laisse assez d’espace. Ici pas moins de 4 voitures observaient la petite famille l’œil amusé . Certains depuis 20minutes. Il a fallu qu’un bus force le passage pour réduire cette belle scène de vie à néant. Jouer au game drive, c’est accepter de payer un safari et ne voir aucun animal, mais lorsque la vie sauvage vous offre un tel présent, rouler dessus montre juste que nous ne pouvons pas être responsable de la planète. Comment peut-on ne pas avoir la rage contre l’espèce humaine ? Pas capable de respecter les animaux dans le seul endroit que l’on daigne bien leur laisser! Les larmes et l’acidité nous montent. Bongui est scandalisé également et nous incite à reporter l’incident à la direction. Ce que nous ferrons. Notre ranger nous explique que les réserves naturelles appartiennent à tout le monde, on ne peut pas interdire leur accès. Nous comprenons cette philosophie, mais sommes tiraillés entre le libre accès à chacun et le respect de l’animal. Au Swaziland ce genre d’acte est punissable d’une peine de prison... c’est peut être extrême mais à cet instant nous le souhaitons du fond de nous-mêmes. Malheureusement nous ne verrons plus du tout les lions et décidons de poursuivre notre safari même si l’amertume ne nous quittera plus. Plus loin Bongui nous montre d’ énormes déjections fraîches et de l’urine, ça y est, nous pistons un éléphant. Le cœur passe de la rancoeur à l’impatience. Nous sommes sur les montagnes russes des émotions.soudain nous apercevons au loin un gigantesque animal grisâtre. Le cul du pachyderme se balance avec panache, nous, nous venons juste de passer dans l’essoreuse émotionnelle. Notre gros bonhomme solitaire est immense. Nous gardons nos distances mais la force tranquille de cet animal qui pourrait nous charger nous apaise autant qu’il nous émerveille. Il traverse la route va à gauche, à droite puis s’enfonce dans le bush pour devenir rapidement invisible. L’amertume descendra le bush avec l’animal. 

A notre retour au camp, nous rencontrons des hommes armés en bord de piste. Ces hommes permettent la protection des animaux. Métiers ingrats pour ces animaux qui ne pourront jamais reconnaître leur protecteurs et ces touristes qui ignorent tout du travail de la conservation des espèces.

Ce safari se termine tout de même sur une note positive: nous avons vu 4 animaux du big five, il ne nous reste que l’indétectable léopard qui nous a échappé à Nkomazi. Un sentiment commence à naître en nous: nous sommes amoureux de l’Afrique. Après presque 10jours, aucune lassitude. Nous sommes avides de rencontres, de paysages et d’animaux

. Les autres voyageurs nous vantent de multiples autres destinations alentours. Destinations qui semblent à présent accessibles maintenant que nous avons fait notre premier pas vers l’Afrique. Nous prenons le petit déjeuner au sommet de la montagne devant des zèbres broutant les herbes fraîches . On souhaiterait faire « pause » sur l’instant présent mais le ressac de l’océan indien nous appelle à Sainte-Lucie, dernière étape sur le sol Sud-Africain. 😊