Les valises sont prêtes, les documents glissés dans une enveloppe aux allures de documents gouvernementaux top secrets. Vérification de l'appareil photo. Les mains tirent les ficelles des valises avec cette lenteur du backpacker novice et qui découvre avec étonnement le fonctionnement de son sac et les multiples recoins crées par des designers astucieux les milles et une poches de rangements. Ces mêmes mains fébriles qui, en mars 2020, revenaient d'un voyage à Zanzibar et se prenaient pour les Zorro de la fermeture-éclaire. Les voilà perdus cherchant leurs repères. Les "grands" voyages ont été interdits si longtemps que ces mêmes mains glissent encore sur le trackpad des services fédéraux de la Belgique et du Kenya à la recherche du nouveau document compliquant les démarches nécessaires pour l'entrée sur le territoire. Une sécurité sanitaire nécessaire mais néanmoins kafkaïenne, ubuesque et loin d'être romanesque. 


On est plus loin du "out of Africa" avec Meryl Streep que de "Inception" avec Caprio. 


Le Covid a déjà fait avorté le projet de partir en Amérique Centrale en été 2020. Une promesse que nous nous étions faites au retour de Namibie : tirer au sort le prochain continent et donner la chance aux différents zones du monde d'être appréciée pour leur spécificité. Nous avons pu surtout apprécier la spécificité de notre jardin, observer avec quelle rapidité même la faune belge retrouvait ses marques tandis que nous perdons les nôtres. Plus de théâtre, plus de voyage, plus de fête avec du monde, avec des inconnus... rencontrer l'imprévu, créer l'accident, la surprise, l'étonnement. 


Janvier 2021, le monde est sur pause depuis presque un an avec des variations toujours plus étonnantes. Le besoin de s’évader d’Europe devient de plus en plus pressant, pour Anthony. Moins pour Salvatore. Voire pire,l'angoisse de l'ailleurs. Du xieme projet avorté. Qu'à cela ne tienne, Anthony décide de programmer un voyage au Kenya pour l’été avec comme mantra: « D’ici là, tout sera rentré dans l’ordre » . Le mantra de Salva sera:"Pourvu qu'il se passione pour la gravure sur caillou". 


348 codeco, 22 capsules vidéos et 4 variants plus tard... toujours les mêmes tergiversations, complexifications des règles internationales, nationales, régionales, villageoises...Ce n’est pas sans stress que nous nous réveillons en ce 27 juillet, jour du départ. Un mail de Lufthansa indiquant que le dossier n’est pas complet et qu’en l’état actuel Anthony ne peut embarquer. Super... 


L’avion décolle dans 4 heures… Nous sommes dans l’inconnu mais rien n' arrête Anthony (oui, euh... Salvatore est sous xanax, Sedistress et s'est mis à graver sur les cailloux du parking).Une dernière bise aux chats sans savoir si nous les rêverons dans 3 heures ou dans 3 semaines…lâche le chat, Salva! 


Àéroport de Bruxelles, tout le monde semble un peu perdu avec toutes les formalités mais on nous laisse embarquer. Escale à Frankfurt et saut vers l'avion qui nous confiera aux terres africaines.

Le vol est long, c’est le moment de rattraper de notre courte nuit. Salvatore s'est énamouraché d'un prince au doux nom de Valium et Anthony... s'est endormi malgré le stress de l'arrivée. Au final la douane kényane nous fait passer 3 postes de contrôles où les papiers sont sommairement vérifiés et nous voilà en 30 minutes à fouler notre cinquième sol africain. Allégé de notre stress et alourdi de nos sacs.


En route pour Nairobi et notre hôtel pour une nuit que l’on espère reposante. On longe le parc naturel de Nairobi, notre chauffeur nous explique qu’il n’est pas rare que des girafes viennent nous saluer, mais nous devrons attendre un peu. Sur le chemin. La route de l aéroport à Naïrobi est un chantier en construction. La poussière se soulève des camions qui dépassent sans crainte les motocyclettes, les voies inexistantes se rétrécissent et s'élargissent de manière aléatoire, des grirophares bleus et rouge clignotent sur les bords de routes où dorment les tracto-pelles... c'est un joli capharnaüm typique de nos images de l'Afrique sub-saharienne. Le coeur du Kénya est devant nous, 1 nation, 43 ethnies, 43 langues, 47 états. 


Anthony et Salvatore