(Texte d’Anthony et entre astérisques les commentaires de salva)


Sept heures du matin *😮‍💨*. On est au taquet *c'est vite dit* , notre navette vient nous chercher pour aller vers l'Acatenango *vous voyez les saloperies de volcans qui jalonnent ce pays,  c'est qui qui va les monter? * . Désolé de vous spoiler mais, malgré mes attentes, je ne savais pas encore que celle ci nous amenait vers une des expériences les plus extraordinaires de toute ma vie * j'ajoute mes mollets, mes bras, mes poumons et mon âme,  déjà mortes à 500 mètres d'altitude. Plus sérieusement,  je ne m'y attendais pas du tout non plus mais cette expérience à été quelque chose!*. L’objectif est de monter *tenter de monter,  ça marche aussi* l’Acatenango, un volcan éteint *y a intérêt * qui culmine à quasi 4000 mètres d’altitude *😵‍💫* puis, depuis le camp de base, d’aller jusqu’au Fuego un volcan actif (même très actif! *le dom top des volcan*) pour voir les éruptions de près.

Arrivés au village nous prenons un petit déjeuner bourré d’énergie *comprenez de protéines gazeifiantes*, Elvin de V-hiking Tour nous fait un topo: la montée jusqu’au camp de base va mettre 4h *😱*, elle se fera sur une pente raide *😱😱😱* et très poussiéreuse *☠️*. C’est depuis ce camp que nous irons, si on a la force *euh... tu as déjà spoilé tout le monde avec tes photos, Anthony.  Tout le monde sait qu'on à eu... euh... la force... ou la folie*, jusqu’au Fuego l’après midi et/ou jusqu’au sommet de l’Acatenango le lendemain matin. Mais il nous prévient: si on s’engage quelque part on ne fait pas demi tour ?*mon être plein de doute et de besoin d'encouragement meurt doucement* . C’est mal me connaître Elvin: je ne fais JAMAIS demi-tour  et de toutes façons ça ira je suis un habitué les volcans je maîtrise *oui, alors,  moi,  machin-truc, c'est différent, merci!*.


Bon avouons le tout de suite, le début de la rando est quand même hard *genre hard, c'est Anthony qui le dit... donc je n'exagère pas en disant que mon corps est en appel d'air* mais nous en profitons pour faire connaissance avec nos potes de rando Diane, Andrea, Arnold, Léa, Diego, Sabrina, Nico, Cindy, Vita, *assieds-toi faut qu’j’te parle* Margaud, …

Nous traversons quelques champs de maïs et une jungle qui nous protège du soleil. Je me casse le cul en glissant et en me mangeant le sol devant tout le monde (j’ai toujours mal deux jours après!). Mais tout va bien. *moi mon cul va bien,  je suis juste mort de l'intérieur* Le groupe commence déjà à s’étirer voire à se diviser en fonction du niveau de chacun. Avec nos copines de marche, nous parvenons à nous maintenir dans le groupe de devant. On sent déjà que le contact passe très bien et que ces deux jours en leur compagnie s’annoncent bien.

Je les bassine avec mes attentes: « Je veux absolument voir des éruptions et de la lave, c’est vraiment mon rêve! D’autant plus que j’ai vu sur insta que certains y sont allé hier et ont eu un spectacle magnifique! », là je me rends compte que personne n’a voulu être spoilé et que mes attentes sont peut être un peu trop élevées. *pendant ce temps,  Je suis silencieux, j'essaie humblement de faire rentrer de l'oxygène par tous les orifices de mon corps, la langue pendue tel un chien affamé*


Au sortir de la jungle, les conifères prennent place et la montée particulièrement  poussiéreuse commence à devenir piégeuse. Les pauses s’imposent *STOP RIGHT NOW, THANK YOU VERY MUCH, comme dirait la posh spice que j'étais avant de bouffer de la poussière volcanique*. Quand le « plat guatémaltèque » (comprendre une succession de montées et de descentes) arrive, il nous offre un panorama somptueux sur le volcan de Agua.

Ce volcan au cône parfait que nous avons maintes fois admirer depuis Antigua. Au détour d’un virage, le Fuego montre enfin sa silhouette et, magie de l’instant, il le fait en pleine éruption! Un nuage de cendres gigantesque monte vers le ciel. C’est de bonne augure pour la suite. 


Nous arrivons au camp de base très fatigués *mort, j'ai dit*, mais heureux de pouvoir poser nos sacs qui semblent peser trois tonnes. On s’assied sur nos chaises face au roi du jour: le Fuego. De multiples éruptions s’enchaînent tous les quarts d heure *ainsi que par mon nez* Je n’imaginais pas qu’il était autant actif *moi, non plus... en plus je crois que le magma rouge et non vert qui en sort m'indique que je vais m'étouffer dans mes glaires ce soir*. Certaines plus petites et d’autres franchement plus grosses *je tente d'ailleurs de trouver des petits espaces encore libre dans mon mouchoirs dechiqueté avant de me résoudre à y aller au doigt* au panache de cendres noir qui s’élève dans le ciel avant de filer vers l’ouest.

Chaque fois un gigantesque « WAHOUU » sort de nos bouches. Nous étions crevés mais sommes revigorés *nous... quel pretencieux*. La lave n’est pas encore visible mais la puissance du Fuego se ressent jusque dans notre poitrine. Dans 1h30 ceux qui le souhaitent pourront partir vers le Fuego et se rapprocher à 500 mètres du cratère. Toutefois on nous prévient l’itinéraire est très compliqué. Il y a 1h30 aller et 1h30 retour avec un dénivelé de 250 mètres pour descendre de l’Acatenango  et 250 mètres pour remonter sur le Fuego *☠️☠️☠️*. Le tout avec une inclinaison proche des 100% *ouais, de l'escalade quoi!*et dans de la poussière. Évidemment il faudra faire le retour de nuit… Je sais aussi que cet itinéraire est dangereux *merci de prévenir... je viens de lire ces lignes,  il ne me l'a jamais dit! Ça me rappelle cette plongée en Egypte, tiens!* . Beaucoup d’agences ne le proposent pas...*putain Anthony mais c'est quoi ça,  je ne le découvre maintenant!!! Jamais tu m’as dit ça!* (en lisant ces mots je sais que Salva va péter un câble 😅). Certains du groupe décident de rester au camp de base pour voir le spectacle, mais la majorité s’arme de son bonnet, de ses gants et de sa grosse veste pour partir à l’assaut de notre objectif.

  La descente est splendide, nous surplombons une mer de nuages d’un blanc immaculé de laquelle s’extraient seulement la cime des volcans guatemalteques: Agua, Atitlan, Toliman.

Une véritable  ligne de feu. La remontée vers le Fuego se fait au son des explosions qui ne font qu’augmenter notre impatience. *pour moi,  la plus dure des montées. J'ai jamais autant souffert sur un treck. C'était douloureux dans la gorge par la poussière,  douloureux dans les bras avec les bâtons,  douloureux dans les cuisses à chaque pierre, les mollets engourdis... horrible !*


Nous y sommes enfin! *le moment est suspendu,  je ne pensais franchement pas y arriver* Le cratère est juste là, à 500 mètres.

Personne devant nous, le spectacle promet d’être grandiose. Pourtant c’est le moment où Monsieur Fuego décide de prendre des vacances. Aucune éruption pendant au moins 30 minutes.

Nous en profitons pour prendre une photo de groupe et des photos de nous devant cette mer de nuages qui commence à jaunir avec le coucher du soleil.

Quand soudain il émet une première éruption. Le son pénètre notre corps tout entier et des bombes rougeoyantes commencent à se voir. La nuit continue de tomber et là notre ami décide de récompenser notre patience.

Pendant 30 minutes c’est un festival d’éruptions où seule la lumière de la lave fend la noirceur du ciel. Le spectacle époustouflant nous réchauffe et je ne sens heureusement pas mes doigts qui se congèlent.

Lorsqu’il est temps de quitter pour rebrousser chemin, Andrea et moi réclamons un rab de 10 min. En vain.

Nous quittons les lieux en surplombant Antigua dont les lumières se dessinent à côté de Agua, quand soudain 7min plus tard une éruption GIGANTESQUE déchire le ciel, nous avons le temps de la voir mais pas de l’immortaliser avec nos appareils. Elle restera gravée dans notre mémoire à jamais.* rien à ajouter,  je vous écrirai avec mes mots ce spectacle, mais oui... fantastique *

Le retour est particulièrement difficile, en altitude, l’air se raréfie, par dessus tout nous avons la fatigue de la journée, la poussière du volcan pénètre nos bronches, la respiration est difficile. *keske j'dis depuis le debut tit dju!* Derrière nous, le Fuego offre un festival régulier, et chaque fois nous nous arrêtons pour essayer d’immortaliser chaque éruption.

Arrivés au camp de base nous sommes sur les genoux. Nous nous réunissons autour d’un feu. Affalés sur nos chaises.

Salva et moi ne mangeons presque rien, nous avons un peu la nausée. Nous ne faisons pas long feu et allons nous coucher direct car demain, à 4 heures, nous irons au sommet de l’acatenango *nous...nous... on s'enflamme pas! On va laisser à mes cuisses (ou ce qu’il en reste) le soin de décider*.

La nuit est difficile. On ne parvient pas à dormir et on entend malgré tout les éruptions qui s’enchaînent me faisant regretter d’être aller dans la cabine…

chaque fois nous pointons notre nez et commençons à devenir difficile: « oui bon ça va celle ci est petite ».

Quatre heures du matin. Il est temps d’atteindre le sommet du volcan. Salva est malade et préfère rester au camp de base. La montée est franchement extrêmement compliquée . Je n’arrive pas à respirer, la poussière s’infiltre partout.

Les pauses sont rares et courtes. Avec les copains on se soutient mutuellement. A chaque pause,  je m’effondre dans la poussière. Un chien vient chaque fois me soutenir. 1h30 de montée. Chaque dizaine de minutes paraît être 1 heure. L’horizon commence à prendre des teintes oranges et la silhouette du  volcan Agua s’impose de plus en plus. *De mon côté,  dès leur départ, je me lève pour observer les humeurs du Fuego qui s'impose devant moi... je me les gèle grave, mais au moins je ne vomis pas dans ma cabane de tole* Nous atteignons le sommet exténués.

Cette ascension est probablement la plus difficile que j’ai faite (il est loin l’Anthony d’hier qui pensait, peut être un peu nonchalamment que les précautions d’Elvin n’étaient pas faites pour lui). Toutefois, au sommet, le spectacle est une nouvelle fois grandiose. L’Acatenango est le plus grand volcan des environs et nous offre par conséquent un point de vue presque plongeant sur le Fuego et l’Agua.

Le Fuego quant à lui nous offre quelques explosions au nuage de cendre rosé par la lueur du matin *de là où je suis,  je photographie ces nuages de cendres colorés par l'aube* .

Après 30 minutes il est temps de redescendre en version ski sur la cendre volcanique: 30 minutes la descente! Beaucoup plus sympa que l’ascension. Nous prenons un bon petit dej au camp de base et le Fuego nous offre probablement une des plus belles éruption qu’il ait réalisé!

La descente jusqu’au village de départ se fait en chanson et dans la bonne humeur (à part que je me mange une seconde fois le cul par terre et que je gratifie nos nouveaux amis de mes plus beaux jurons). Dans l’autre sens nous croisons des gens propres, bien coiffés et souriant parfois même bien habillés. J’ai soudainement l’impression d’être Bert avec sa bande de ramoneurs qui croise une bande de Mary Poppins à l’assaut du volcan *je regarde ces gens avec ce regard qui dit:"moi, je sais ce qui t'attend*. Derrière nos masques de poussières et nos vêtements couverts de cendres nous les envions un peu, mais nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que, pour nous, la douche est proche. Tandis que dans le monde de Mary Poppins version Guatemala, elle va manger la poussière plutôt qu’un morceau de sucre. Mais sa nuit sera Supercalifragilisticexpialidocious.


La douche bien méritée, une petite sieste d’une heure et nous nous promenons une nouvelle fois dans Antigua. Qu’est ce que nous aimons cette ville qui déborde de couleurs dans ce cadre enchanteur. Le soir nous retrouvons nos amis autour d’un verre, cette fois en version Mary Poppins. On passe la soirée à parler de nos vies et à échanger sur l’expérience fabuleuse que nous avons vécue. Probablement parmi les plus fortes de nos vies *j'admets*. Nous regardons une dernière fois l’Acatenango avec une touche d’émotion. Andrea: « et dire que ce matin on était là haut… ».

Le défi était incroyable. L’expérience magique. Le tout en excellente compagnie. Nous avons de la chance et nous le savons. 

Merci à V-hiking Tour pour oser nous amener jusqu’au Fuego et merci à nos nouveaux amis qui ont rendu cette expérience encore plus belle. ❤️


PETIT MOT DE SALVA: Pour ceux qui sont arrivés à lire jusqu'ici,  je voulais juste ajouter ceci...loin, des problèmes administratifs,  loin des considérations médicales et judiciaires, j'ai retrouvé Anthony entouré de ses élèves à qui il expliquait le phénomène terrestre le plus extraordinaire de notre planète,  nos volcans. Avec une attention d'élèves parfaits, chacun y allait de sa question à laquelle Anthony répondait de toute sa science, avec humour et passion qu'il a pour les pierres que nous pietinions pour atteindre le dessus des nuages. Mon coeur s'est serré.  Peut- être arrêté un peu pour immortaliser ce moment que je n'ai pas pris en photo car trop important pour y penser. C'était juste là,  devant moi, et c'était assez joli dans ce décor atypique pour une classe. Mais après tout,  la vie qui nous entoure est la meilleure des écoles 


Quant à moi? L'expérience était vraiment trop incroyable pour y croire.  Je ne savais pas je le jure que j'en étais capable. Plusieurs fois,  je me suis retrouvé devant un mur de cendres volcaniques qui m'a donné envie d'abandonner.  Chercher son souffle, garder un rythme, sentir la brûlure passer des jambes jusqu'aux bras. Un mur de pensées qui vous répètent :"Arrête,  tu te fais du mal pour rien!" Regarder les chaussures du guide qui est en face sans regarder le sommet! JAMAIS! Attendre la pause sans jamais demander quand elle arrivera. Et puis entendre une personne du groupe vous motiver! Continuer.  Trouver le vent plus fort.  La crête en angle aigu vous défie de vous approcher du cratère.  Une mer blanche loin en dessous couvre toute vie humaine. Le soleil vous laisse dans le noir. Le spectacle commence. La terre gronde. La nature vous rappelle que votre souffrance n'est rien comparée aux déchirures du ventre de la terre. Elle crache. S'égosille. Puis se tait. L'orange fait place au noir total. Le vent souffle encore. Je suis toujours en vie. Je l'ai fait.  Franchement,  je ne sais pas comment mais je l'ai fait.  J'ai dépassé le 28 février quelque chose que je ne pensais pas pouvoir faire. Je l'ai fait!