Vallée du Nil

La route jusqu'à Assouan est une longue ligne blanche traversant le désert rocailleux. La ville émerge du sable telle une anomalie. Nous descendrons le Nil à bord d'un imposant bateau. 


Nous appréhendons d'être enfermés trois jours avec les mêmes personnes. Nos places dans le restaurant nous sont assignées. La nouvelle ne nous réjouit pas. C'est le jeu et il faut pouvoir dépasser ses a priori pour faire de belles rencontres qui prennent la forme d'amitiés fugaces. Ce sera le cas avec Céline et son fils Antoine de Montelimar et Ambroise et Lucie, du Mans, futurs parents. 


Nous glissons sur les flots, traversants les palmiers paresseux de Nubie. Quelques ânes charient des hommes tout de blanc vêtus, transportant la récolte de cannes à sucre. Nous arrivons à Kom Ombo que nous visitons à la tombée de la nuit.

Un temple ptolémaïque qui renferme un des premiers calendriers de l’histoire… et la recette du viagra egyptien 😅.

Lucie et Ambroise ont la gentillesse de partager avec nous leur guide formidable Mohamed qui travaille avec des universités et participe à des fouilles, c’est dire le niveau!

Le lendemain, le temple d’Edfou nous subjugue.

Nous y trouvons également le premier wifi de l’histoire ainsi que les premiers Mc Fleury! Finalement Maitre Gims n’était peut être pas si loin de la réalité. 

Le bateau est accosté par de minuscules barques où des vendeurs marchandent des nappes qu'ils lancent, tout légères qu'elles sont, sur le pont du paquebot: quand on ne va pas au souk, le souk vient à nous!

Au bord de la piscine, nous échangeons nos vies avec nos nouveaux amis que nous avons l'impression de connaître depuis toujours.  Avoir conscience que ce voyage a une fin intensifie notre besoin d'être ensemble et ne partager que le meilleur.  


Les fins imminentes ont ceci de commun: nous rappeler que l'essentiel est de profiter du moment. Plus facile à dire qu'à faire.  Et c'est tout aussi drôle aussi de se trouver des ennemis communs ou de se moquer des touristes chinoises qui posent devant les temples égyptiens telles des Sailor Moon de wish durant d'interminables minutes, empêchant les gentils européens à prendre une photo sans elles.

Louxor est notre destination finale. La visite du temple d’Amon termine notre croisière. Nous leur disons au revoir et prenons, le coeur plein, le chemin vers la nécropole de Thèbes (Louxor), capitale de l’Egypte au Nouvel Empire. 


Nous commençons par une visite des tombeaux de  Tausert et Setnakht, Ramsès III, Ramsès IX, Séthi 1er et celui de Ramsès V et VI, les tombes nous avalent dans un voyage vers le passé.

Les gravures, les couleurs, les écritures, les formules magiques… Ali, notre guide est lui- même ému en effleurant les hauts-reliefs.

Nous avons un coup de cœur pour le tombeau de Sethi 1er, père de Ramsès II, et celui de Ramsès V et VI.


 Nous recroisons Céline et Antoine avec qui nous faisons la courte visite de la tombe de Ramsès V et VI avant de reprendre le temple de la  Reine Hatchepsout.

Le palais est une oeuvre d'art s’arrachant de la montagne. On imagine très bien l’architecte Senmout, amant de la reine, se présenter devant ce site qui s’impose comme une évidence pour célébrer la reine qu’il adore.

Hatchepsout c’est peut être une des premières féministes de l’Histoire. Accédant au trône qui n’était réservé qu’aux hommes, elle n’hésitera pas à duper tout le monde pour que sa régence se transforme en règne. Si c’est pour nous léguer une merveille pareille on peut dire que c’était doublement pour la bonne cause. Sous le règne de la reine, l’Egypte fut prospère et une grande puissance commerciale charnière entre le pays de Pount (Somalie) et les peuples de Syrie. Le miracle d’Hatchepsout se produit une nouvelle fois: nous croisons furtivement Céline et Antoine.

Le temps d’un dernier selfie et nous nous promettons de nous revoir un jour,  à Montelimar !


Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir, en dehors de la vallée des rois,  celle des reines,  des nobles et enfin des artisans.

Toutes aussi bien conservées les unes que les autres avec une légère préférence pour celle des artisans. Formules magiques chez les reines,  peintures mystiques chez les nobles, de la vie courante chez les artisans envahissent chaque centimètre carré de chaque mur.

Enfin nous prenons la route pour le somptueux temple de Medinet Abou.

Là encore l’état de conservation est incroyable.

Les hiéroglyphes, presque aussi grands que nous, semblent sortir des pylônes. Les couleurs habillent les dieux et les écritures. Les touristes sont rares et le lieu est envoûtant.

Ce moment semble irréel et Ali, notre guide, nous exprime toute son émotion et son amour pour ses ancêtres.


Nous terminons cette très longue journée par les colosses de Memnon qui semblent garder l’entrée de la nécropole Thébaine. Salvatore n'en peut plus. Bravo à ceux qui nous ont lu jusqu'ici… c'était tout aussi long en vrai! Ces deux statues colossales se dressaient sur le parvis du temple des millions d’années d’Amenhotep III. La taille de ces statues laisse imaginer l’importance du site à l’époque pharaonique. Malheureusement il servit de carriere au cours de l’histoire et disparut progressivement.


C’est épuisés que nous rentrons à notre hôtel avant d’entamer une découverte de Louxor à pied, son souk et sa corniche, puis de nous effondrer dans notre lit. 

Le lendemain nous prenons la route de Denderah, un temple ptolémaïque dont les couleurs dans la salle des colonnes sont remarquablement conservées.

Notre guide nous arrête devant des hiéroglyphes où nous voyons très distinctement ce qui ressemble à des ampoules électriques. Le doute nous envahit. Des goutes de sueurs perlent sur les tempes.

Le grand Maitre Gims ne serait il pas si stupide que cela? Et si nous nous trompions tous? Heureusement, une brève recherche nous permet de ne pas trop exagérer les compétences en égyptologie  de maître Gims: ces hiéroglyphes symbolisent la création du monde, le dieu serpent Harsomtous est représenté dans une enveloppe amniotique sortant d’une fleur de lotus. OUFFFF

Il est quand même incroyable de marcher au milieu de tant de merveilles, on ne peut qu’espérer qu’elle perdurent éternellement. Malheureusement le passage des Chrétiens a très souvent abîmé définitivement les sites, si les traces des feux pourront certainement être nettoyées un jour, le martelage presque systématique de toutes les figures divines est déplorable… Mais c’est l’Histoire et ses méandres. 


Nous terminons notre séjour à Louxor avec la visite du temple de Karnak (courage,  c'est bientôt fini cette lecture)...

un vaste complexe du Nouvel Empire où chaque grand pharaon apportera son œuvre. L’allée des béliers a marqué l'imaginaire de Salvatore se voyant déjà dans le film "Mort sur le Nil". 

 Nous parcourons les allées, d’obélisques en statues colossales. Le musée de Louxor vient parfaire cette magnifique journée. Louxor nous a plu pour son charme naturel et son opulence,´. Plus calme que Le Caire, plus métissées qu’Assouan, toujours dépaysante mais avec cette pointe de modernité serrant la main au monde Antique et le saluant respectueusement.