J 6-7 Naivasha 


Le lodge est encore un peu froid et il est 7h du matin. Nous devons quitter nos draps, les animaux, le Masaï Mara...les journées plus sportives nous attendent et des non moins intenses. 


Nous prenons la route du lac Naivasha au pied du Lont Longonot, un volcan toujours actif dont nous ferons l’ascension dés lendemain. La route se fait sous un ciel chargé de nuages ce qui nous effraie un peu au vu du programme, mais d’expérience le ciel peut changer rapidement particulièrement en haute altitude. Anthony verifie discrètement sur son téléphone pendant que Salvatore, découragé par les caprices de sa 4g et craintif des étapes sportives apprend à Emmanuel la chanson :"Ca ira mieux demain". Très vite, le bus magique devient le karaoke de la chanson qui donne de l'espoir et Emmanuel n'hésite pas à blaguer sur les craintes de Salvatore de monter le mont Kénya. Il promet de la lui chanter en le laissant au pied du géant.C'est vrai que la randonnée en altitude, déjà c'est quelque chose... mais 5000 mètres, on peut commencer à parler de haute altitude ? Autant chanter. Le chant ça emporte tous les soucis. Et l'ambiance se réchauffe tant à l'extérieur que dans le bus magique. 


Le décor change peu à peu, les villes/villages restent plus ou moins les mêmes. Énormément de petites aubettes proposant des fruits, des légumes, des pommes de terre (beaucoup). Quelques écoles et énormément de dechets plastiques sur les bas côtés de la route et quelques personnes assises sur ce même bord de route qui regardent passer les voitures comme si cela était une activité en soi, loin du brouhaha du marché. Et puis, plus loin la ville est remplacée par une flore plus luxuriante, quelques bocages, encore une ville/village, un arrêt sur la route, un café et le Masaï Mara disparait graduellement pour laisser place à la région de Naivasha, parsemée de serres. C'est ici que l'on produit la majorité des roses que nous avons en Europe. Certaines arrivent le jour même à Londres après avoir été cueillies (source du Lonely Planet). Selon les mêmes sources, les serres de roses n'ont pas bonne presse auprès des travailleurs (majoritairement des femmes) très peu payées et travaillant dans des conditions précaires (pesticides et autres produits). Les serres sont totalement grillagées, impossible de voir une rose apparaître. A peine un panneau représentant une rose à l'entrée surveillée laisse deviner l'activité du lieu.  

Le camp où nous logeons pour deux nuits nous impressionne: une tente large et sur pilotis. Des chimpanzés sautent d’arbre en arbre. Le temps de se restaurer et nous partons pour un safari lacustre. Un chemin entouré de végétaux flottant à la surface de l'eau. Emmanuel ayant déjà remarqué l'attrait pour les oiseaux de Salvatore, il demande à notre guide de s’attarder en chemin sur les différentes espèces du lac, une attention qui touche beaucoup Salvatore. 

Les berges du lac sont couvertes d’arbres morts ce qui donnent un spectacle magnifique un peu de fin du monde ou de forêt fantôme. La montée des eaux du lac qui, pour une fois n’est pas due à l’homme mais aux poussées tectoniques en sous-sol, a causé leur mort. Sur leurs branches, des aigles nous observent, des grues bectent sur leur lit d'herbes flottantes, des pélicans se blotissent. Nous n'avons pas retenu tous les noms des oiseaux plus endémiques (notamment les noms anglais) mais voici quelques photos qui vous feraient comprendre l'engouement et la patience des ornithologues. 

Arrivés sur une île nous faisons un safari à pieds en nous approchant des zèbres, gnous, girafes. Et certains touristes imprudents tentent toujours de faire la photo de trop: trop près, trop nombreux, trop intimidants...

le luxe de les voir paisser en paix ne peux pas leur suffir, il leur faut une photo de famille à 2 mètres du zèbre. Nous sommes agacés car ces comportements modifient forcément l'authenticité recherchée même si, nous savons que notre présence, même discrète, égratigne déjà cette authenticité. Discrètement, en contournant de loin ces imprudents, nous espérons assister au "kick" du zèbre, capable de mettre K.O. un lion... Malheureusement notre guide intervient juste avant.  


Le guide nous apprend des tas de choses: les girafes écartent leur jambe pour boire pour diminuer l’afflux sanguin au cerveau. Pour survivre à une attaque d’éléphant, bien étudier le sens du vent afin de ne pas courir contre le vent. Dans tout notre attirail d’explorateurs de la savane nous avons malheureusement oublié notre girouette, il n’y a plus qu’à croiser les doigts. Nous rentrons au lodge. Une nuit bercée par le cri des oiseaux que nous avons certainement photographiés un peu plus tôt.  

Au matin, nous entamons l’ascension du volcan Longonot (2785m). Un premier entraînement physique avant l'ascension du monstre "Mont Kenya". Les premiers kilomètres sont compliqués, le souffle s'emballe, le coeur cherche son rythme... ça commence bien. Notre guide nous pose des questions sur la Belgique auxquelles nous essayons de donner des réponses entre deux souffles. La première étape passée, nous reprenons de la couleur. Nous nous arrêtons sur le cratère d’où on jouit d’une vue splendide sur le lac Naivasha et sur toute la région du plateau du centre.

Le cratère au centre est recouvert d’une forêt très dense où vivent des léopards très timides entre autre…nous n'en voyons pas mais jeter un regard sur cette immensité est grisant. Nous pouvons voir les coulées de lave qui structurent le paysage mais aussi qui influencent l’abondance ou pas de la végétation. Nous faisons le tour de ce cratère en discutant joyeusement avec notre guide Joshua. Perfectionnant notre swahili. Cela le fait rire de nous voir hésiter sur chaque mot. Nous pointons sur le pic "kielele" du chameau "ngamia" (sa bosse) quand on observe de loin la silhouette des bords du cratère. De là haut, une vue extraordinaire et des mollets en feu. Notre guide Joshua nous apprend tout un tas de choses sur l’écosystème du volcan, la faune, la flore, cet arbre aux fruits et branches épineux qui nourrit les fourmis de sa sève et qui elles le protègent des intrus, notamment des girafes. Au début nous voulions faire la randonnée seuls, mais il s’est avéré d’une richesse précieuse de l’avoir à nos côtés . 

« Kupanda kichwa ya gamia » Ceci signifie « nous escaladons la tête du dromadaire ». Dernier regard avant de redescendre. 

La météo qui nous faisait un peu peur s’avère parfaite pour les activités. Nous avons pris même un petit coup de chaud malgré les protections. Pour l’après midi alors que nous nous protégeons davantage nous demandons à Manu si lui a besoin aussi de se protéger et lui de répondre avec son humour qu’on adore et une grand sourire « moi je bois l’eau de la rivière, je n’ai pas besoin d’eau minérale ou de me protéger du soleil, les Européens c’est vous qui êtes délicats », « vous savez en France ils ont Emmanuel Macron président de la République, vous vous avez Emmanuel président de la savane ». Ce qui est sûr c’est que notre Emmanuel serait réélu sans contestation en tous cas. 

L’après midi, Anthony essaye de vendre une randonnée à vélo sexy pour Salvatore. FAILED... enfin pas vraiment... qui retrouve son cul sur une selle de vélo à apprécier chaque caillou qui passe sous sa roue? L'allée est une descente vers "Hell’s Gate" (porte de l'enfer). On est d'accord que le nom donne des envies de se faire imprimer une selle de vélo sur le périnée mais bon... on sait qu'à la clé on va voir le canyon dont Disney s’est inspiré pour le Roi Lion. Celui où Mufasa est tué par son frère.  Comme d’habitude, girafe, zèbres, buffle, phacochères nous surveillent de loin sur le chemin. Le canyon est de toute beauté et on peut y revivre les scènes phares du chef d’œuvre. Les sources d’eau chaude provenant du volcan jaillissent puis ruissellent sur la roche verdie par le sulfate contenu dans l'eau. On ne peut s’empêcher d’y plonger les mains et sentir cette chaleur sortie de la gueule de la terre. C'est ici que les kenyans y développent aussi la géothermie grâce aux volcans environnants, plus loin l’éolien. Le Kenya est aujourd’hui largement autosuffisant en électricité grâce aux énergies renouvelables, ceci s’inscrit dans sa politique de préservation de la nature. On appréciera de ce côté là l'effort écologique. 


Le retour en vélo est une nouvelle épreuve aux jambes restées immobiles une semaine entière. Plus personne ne fait le malin, cette journée fut éprouvante et nous allons nous coucher à 20:30, les jambes flageolantes. 

Le lendemain nous prenons la route du mont Kenya et traversons en voiture le splendide et bucolique plateau de Laikipia. Les villages s’égrènent avec leur maisons vertes aux couleurs de « safaricom » l’opérateur téléphonique national... et la 4g de Salvatore lui revient en plein coeur telle une douleur insolvable. Le décor est une sorte de camailleux de verts avec ses champs de maïs sur tous les versants bordés par des palmiers ou des acacias parasols et les troupeaux de vaches et de chèvres qui bordent ou traversent la route. On voit quelques villas cossues au loin, quelques champs rangés avant de traverser une nouvelle ville au trafic dense et désorganisé. Les aubettes d'une ville entière vendent sur le bord de la route des oignons rouges qui empestent de partout et nous piquent les yeux. Quelques kilomètres encore et nous voilà traversant l’Equateur afin de faire l'expérience démontrant l’influence de la force de Coriolis. Le temps de faire des photos dans des hémisphères différents. Recevoir notre diplôme de passage sur la latitude zéro et nous remontons dans le bus magique.  


Avant d’arriver au lodge nous faisons une dernière escale aux Thompson Falls. Le panorama est une nouvelle surprise. Un long escalier nous fait entrer dans une flore extrêmement luxuriante. Les chutes portant le nom de l’explorateur qui a atteint le lac Victoria. Ce paysage change radicalement de ce que le Kenya nous a montré lors de notre première semaine. Mais la suite du programme promet de nous offrir ses panoramas encore plus époustouflants. 

La route est vite reprise avant de voir les pieds du mont Kenya stopper net l'horizon. Ce géant de pierre barre une route au loin. Une route que nous empreinterons dans notre prochain article après 4 jours de hike à l'affronter du bas vers le haut. 


Ca ira mieux demain... 


Salvatore et Anthony