Jour 10 - 11 - Sainte Lucia / Durban


Quelques photos en attendant celles du réflex.

(Texte à 4 mains de Salvatore et Anthony)  


Jour 10 - 11, dites "jour ten et eleven" et vous comprendrez notre niveau de bilinguisme à ce stade du voyage. Parfois se glisse entre nous un mot anglais avant de nous reprendre! 


Notre prochain pas nous mènera à Sainte-Lucie. Petite ville côtière, piégée entre l'estuaire et l'océan indien. Sortis par l'entrée Nord du parc nous voilà partis pour contourner celui-ci en prenant les chemins de cambrousse. Des routes de pierrailles rouges, des chemins de terres, sillonnent les terres Zulu. Nous traversons des villages de pure campagne. De toutes petites maisons rondes au toit de paille posées au milieu d'un terrain sans grillage d'où s'échappent poules, vaches, ânes, biquettes et leurs petits... parfois ces mêmes animaux obstruent la... rue? Là et ensuite ici, marchent des fermiers et beaucoup d'enfants. Pas d'uniforme pour ceux-ci mais un large sourire quand ils voient passer notre voiture et des gestes vifs et enthousiastes de saluts. Quelques-uns nous lancent des "How are you ?" Assez marrant de saluer absolument toutes les personnes des villages. Puis, notre chemin croise à nouveau la route de la nationale 2. Direction Sud. À l'Est, derrière la chaine de montagnes, le Mozambique, tout droit, notre dernière étape en Afrique du Sud. Le paysage prend au fur et à mesure un autre visage. Le bush sec devient plus vert, plus dense. Des palmiers font leur première apparition. Ca ressemble presque aux images que nous avons de la Floride. Sainte-Lucie est accessible par un pont et un seul, celui qui traverse l'estuaire. Bienvenue dans ce que nous nommons directement "The Paradise" (on vous avait prévenu excellent niveau en anglais, bitches!) 

Notre hôtel est une sorte de villa entourée de palmiers, d'azalées, d'aloé et d'arbres à fleurs dont on aimerait connaître les noms pour frimer. Le lieu est décoré de livres, d'objets en bois, des sofas en cuir, des corbeilles de fruits et des bouteilles d'alcool invitent carrément à vouloir s'installer à vie ici! Non, on sait, vous allez dire que l'on exagère... Et bien! Dans ce cas, nous ne donnerons l'adresse qu'à une très sélecte portion d'entre vous! Bref, en plus d'être un superbe endroit, notre hôte se debrouille parfaitement en français et nous offre un verre de vin blanc pour nous expliquer absolument tout ce que nous pouvons faire à Sainte-Lucie. "Nous voulons vivre ici di dju!!!" (Ah! Ca, c'est pas très anglais pour le coup ! Ca va on.a encore nos racines!) Le seul "hic" de cet endroit " soooo gorgeous" c'est le banditisme organisé de mafieux hippopotames qui s'installent dans les jardins la nuit. Ces bandits aiment la tranquillité donc, si vous passez trop près de l'un, vous risquez juste de revenir chez vous en corbillard. (Nous sommes sûr que cela permettra une sélection naturelle de ceux à qui voudront l'adresse.)


Les rues sont propres et parfaitement alignées. Les gazons ultra-bien-tondus, les arbres juste immenses. On est en Floride!


Notre première activité sera une longue balade au bord de l'estuaire où nous photographirons les fameux hippos et crocos. Notre balade dure presque 2 heures! De loin les hippopotames ont juste l'air moins dangereux ce qui n'est pas le cas des crocodiles . nous passons à "ça" de ces animaux préhistoriques le trouillomètre chatouillé quand on voit la dentition de monsieur. Gentil le petit ! Les hippos sortent à peine leurs yeux de l'eau comme pour tenter d identifier, menacer, ceux qui les derangent. Un grognement qui ressemble à un rire gras. Avant d'embarquer le matelo nous avait indiqué comment attacher les gilets de sauvetage en cas de naufrage. Sachant que cet estuaire inscrit au patrimoine mondial de l UNESCO est peuplé de 1000 crocodiles et 800 hippopotames nous n'en percevons pas bien l'intéret. 

Le soleil embrase l'estuaire. Le bateau rentre à quai. Nous longeons les rues où se battent quelques singes pour un bout d'ananas. Vite rentrer avant d'être hippopentamé. 


Jour 11, cela devient une habitude: lever très matinal, se costumer en oignon, ce qui veut dire prévoir plusieurs couches que vous pouvez retirer au fur et à mesure de la journée et remettre dès le coucher de soleil.

Au programme : une dernière réserve à visiter avant le graal tant attendu: l'Ocean Indien. Quel magnifique paysage que d'atteindre la côté et se dire que, si loin que l'on regarde, ce sont les cotes australiennes. L'envie de courir et plonger dans cette eau chaude est irrésistible. Le plongeon est immediat. 22 degrés, les vagues sont grosses mais pas immenses. Nous faisons de l'observation de poissons, nous nous tenons la main car sous nos palmes, une raie vient se confondre avec le sable. Par signe nous communiquons notre surprise. Tout autour ne sont que poissons bleus, jaunes, blancs, noirs... Salvatore joue à la petite Sirène et sort bien plus tard de l'eau. Notre ranger Paul nous prépare un barbecue et nous parle des richesses naturelles de cette région et des convoitises qui la mettent en danger, du supports des uns et de l'intérêt égoïste des autres. L'humain ne se refait pas. Ces sous sols sont tellement riches, la tentation existe. L'argent facile ou la richesse plus indirecte de la conservation des biotopes... telle est la question. Ce n'est pas à nous de eonner une leçon de morale.

Le soleil se couche sur Sainte Lucie, nous aussi. Une dernière route de 3heures nous attend pour rejoindre Durban. Si Sainte Lucia est à l'Afrique du Sud ce que sont les Everglades, Durban est Miami. Gros bulding et districts commerciaux. Une balade le long de l'océan Indien pour clôturer notre séjour sur le sol sud africain.

C'est étrange, il y a un mois, beaucoup nous décrivaient ce pays comme celui de l'apartheid et des dangers multiples dû au racisme blancs/noirs. Quelques appréhensions sur la pauvreté d'ici que nous avons pu depasser dès le premier jour à Soweto. Des rencontres européennes, beaucoup. Comme si le voyage faisait fuir le besoin d'identité nationale, lorsque l'on vous demande d'où vous venez, il ne s'agit pas de sous-peser votre richesse, mais d'imaginer le paysage qui a creusé vos rides. Quel biotope a forgé votre caractère. Bien entendu, il faut être idiot que pour ne pas se dire qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Le danger existe partout dans le monde. Un minimum de rigueur et de précautions pour se déplacer en toute sécurité ne nous est jamais sorti de la tête. Du coup, nous avons peut-être forcé les rencontres bienveillantes. Mais la précaution n'est-elle pas une règle universelle? Personne n'est à l'abris des dangers, pas même dans sa propre ville. 

Nous regardons l'océan avec un tas d'histoires en tête, sur la guerre, l'apartheid, les animaux, la conservation si delicate, les abus de pouvoirs... 


L'Afrique du Sud, nous l'aurons traversée par l'Est. Nous avons eu la chance de croiser beaucoup de sourires sur notre chemin. Nous avons traversé des plaines sèches, des falaises humides et des buissons denses, nous avons pu nager dans l'océan. Croiser des enfants qui allaient à l'école et d'autres qui poussaient une canette au bout d'un bâton de bois, nous avons du répondre des dizaines de fois à la question "How are you?" , nos chemins ont croisé brièvement celle d'un tas d'animaux. Sur des routes toujours bien indiquée, la plupart dans un état bien meilleure que les belges et sans jamais nous perdre, même dans les villages les plus reculés. Des leçons sur notre condescendance européenne à prendre en compte car les infrastructures sont telles qu'elles nous ont donné comme l'envie d'approfondir les autres régions de ce pays. Mais pour l'heure, la Namibie attend son tour, ses rencontres et ses risques. Heureusement, dans le voyage, c'est bien parce que l'émotion de peur et d'excitation se mêlent que l'on peut sentir les frissons nous parcourir aussi longtemps que la destination finale n'est pas atteinte. 


Anthony et Salvatore