J12-13 Kalahari: l’aventure commence.

Embarquement immédiat après une courte nuit de transit à Johannesburg. Ventre plein de bouffe et le cœur plein d’attente, nous voyons nos valises partir avant nous pour la destination inconnue : LA NAMIBIE ! Du ciel, le paysage jusqu’à Windhoek est monotone. On traverse un long et gigantesque désert quelques taches vertes que l’on prend pour des arbres. D’immenses routes rectilignes traversent de part en part cette immensité. Le doute n’y est plus, nous survolons le Kalahari. Ce géant étend ses herbes, ses rocailles et ses acacias sur trois pays: l’Afrique du sud, la Namibie, et le Botswana. Il s’imposera donc dès le début de notre périple. 


Avec de tels biotopes, n’entre pas en terre namibienne qui veut. Le passage à la douane est assez protocolaire et c’est à se demander si eux-mêmes y voit un réel intérêt. 


Heureusement, dès notre passage obligatoire par la douane, notre chauffeur, le transistor bloqué sur les tubes néerlandais des années 70, nous conduit jusqu’à la capitale : Windhoek. 


L’hôtel est tenu par un couple franco-namibien: Nathalie, la Parisienne, vit ici depuis 14 ans et son accent à fumer des Camel n’a pas pris une ride, juste perdu deux octaves. Très vite, le contact passe et en passant nous saluer après le repas, elle se met à nous raconter son histoire: comment est elle arrivée ici? En deux trois phrases, voilà qu’elle refait avec nous le monde. Nous décrit sa Namibie : les dégâts de l’apartheid, la corruption, les inégalités sociales. Finalement, on ne se refait pas! C’est partout pareil. A une exception peut-être ? Le continent au sous sol le plus riche est certainement le plus pillé. Et le constat de notre Francaise est qu’il le sera toujours. Même si des gens comme elle ne voit pas la couleur des femmes et des homme, la ségrégation est une arme infaillible pour profiter des avantages du pays. Nathalie nous donne rdv à la fin de notre périple afin de refaire le monde. Nous nous quittons comme si nous nous étions déjà connu. Nous la laissons à ses activités et nous partons dormir. Demain, nous rencontrerons notre maison mobile. Autant être frais pour prendre connaissance du nécessaire de survie. Au menu, tente sur le toit, mode 4x4, nécessaire de camping, roues de secours, test de montage et démontage de la tente et nous voilà lâchés. 


Tels de vrais baroudeurs, musique à fond, nous descendons les plateaux pour atteindre ce fameux désert du Kalahari. Les montagnes au sud de Windhoek laissent progressivement place à un paysage de plaines avec des promontoires montagneux relativement isolés. Quelques pauvres dunes comme seul relief et des arbres qui semblent surgir du sable telles les mains de Freddie Kruger. Le géographe s’interroge. L’autre continue de chanter. 

Pour qu’il arrête de se croire à Broadway, rien de tel que de l’impressionner. Un panneau indique que nous passons le parallèle 23e degré Sud, 26 minutes et 13 secondes: le tropique du Capricorne! Quoi de plus exotique que de pique-niquer sur un tropique? On pose pour la photo et la postérité, avant de rejoindre les pistes de sable rouge et s’enfoncer toujours plus loin dans le Kalahari.

Première étape: Bagatelle. Alors que nous devrions mettre la tente avant le coucher du soleil, en vrais téméraires non aguerris aux camps scouts, nous filons d’abord vers notre game drive qui nous permettra d’observer la faune et la flore de Monsieur Le Kalahari. (#peurderien #onestdesprosducamping) Notre guide se nomme Ziggy, Salvatore est déjà folle de lui. Avec beaucoup d’humour et de verve, il nous explique des tas de choses sur ce désert: littéralement, Kalahari signifie « le pays sec ». Les arbres enfoncent leurs racines jusqu’à 80 mètres où se trouvent les nappes aquifères. Avant de voir le coucher du soleil sur les dunes, Ziggi apprend à ses touristes médusés que les termites sont aussi anciennes que les dinosaures, que certains oiseaux (appelés républicains sociables) se réfugient dans des nids immenses contenants 500 individus ; merveilleux garde manger pour le cobra du cap au venin mortel. Viennent ensuite l’observation de zèbres, suricate, oryx, girafes... nous observons silencieux évoluer ce petit monde ainsi que le squelette quasi intact de ceux qui ont permis à d’autres de survivre. Le Kalahari ne rigole pas. 

Le « sunset » (because we speak english very well), embrase les dunes rougeâtres. Le spectacle est grandiose, à l’image de ce désert. Ziggi parle et blague sur la vie des moustiques, nous trinquons sur un décor en rouge et bleu. L’astre du jour tire une révérence rapide mais spectaculaire. Nous retournons au camps, muets. Chacun essaie de refaire le coucher du soleil, imprimant les couleurs qu’il a tenté d’immortaliser en photo. 


Bon, fin du romantisme, début de galère. Premier montage de tente et de barbecue. La tente, easy! Genre, on a fait ça toute notre vie. Le Barbecue. D’aucuns connaissaient notre talent pour allumer un feu... et bien nous avons toujours autant de talent et nous avons mangé « assez ». « Assez » tard, « assez » brûlé, « assez » froid, « assez » trop. Salvatore s’est montré plus calme et persévérant qu’Anthony. Qui l’eût cru?


 La nuit noire et glaciale nous empêche de profiter de la chaleur des braises. Nous filons dans notre nid douillet sur le toit de notre bagnole. A l’extérieur, un grognement se fait entende. Les animaux font leur tour de ronde à la recherche du bout de nourriture que nous aurions laissé. Nous ne fermons l’œil qu’à moitié.


Après une nuit compliquée, le réveil dans le froid du désert n’est pas le moment le plus agréable du voyage. Les pas dans le sable autour du site de camping confirment que nous avons eu de la visite... et pas qu’un peu 😊. Impala, c’est certain mais aussi un plus gros animal: zèbre? Gnou? Autruche? 


Une autre nature s’éveille avec nous. Celles des oiseaux notamment. Le temps de faire bouillir de l’eau et nous tentons de vaincre le vent d’hiver en buvant un thé.Nous décidons de prendre notre déjeuner sur les dunes en regardant le soleil se lever sur le désert. Sa majesté du système se lève. Il accepte un temps que l’on pose notre regard sur la nouvelle journée avant de nous éblouir pour nous chasser à d’autres activités. Le froid persiste et nous marchons à la rencontre du peuple San. 

Un peuple encore traditionnel qui a accepté le jeu du partenariat avec notre camping afin de préserver leurs traditions. Un compromis à l’amiable entre la nécessité de survivre dans un monde globalisé et celle de persister différemment. Malheureusement pour nous, nous sommes accompagnés par une autre famille hollandaise aux mœurs bien singulière. Le père, un peu « colon-hyper-sympa-bobo-jaimetroplesnoirs », se met à obliger nos deux San à parler l’Africaans, la langue des blancs qui les ont persécutés et réduits à l’état de survie. Pendant que monsieur 

« colon-hyper-sympa-bobo-jaimetroplesnoirs » monopolise la conversation en Africaans, nos deux San qui jouent le jeu du tourisme, nous font découvrir leur utilisation des plantes qui les entourent dans le désert et cette manière très intelligentes d’utiliser leur environnement pour l’adapter à leur quotidien. Nous sommes pudiques face à leur quasi nudité. La simple veste en oryx qu’il se sont cousue ne suffit pas pour les réchauffer. Au loin nous apercevons un enfant courir nu dans le désert puis c’est une famille entière qui nous attend pour nous expliquer leur mode de vie. Un bébé est encore au bras de sa maman. Ils ont exposé leurs bijoux faits en coquille d’œufs d’autruches, notamment... Leur achetée des bijoux est une manière de soutenir leur mode de vie. Il nous est permis de faire des photos et nous dépassons notre pudeur pour capturer leur image si pure. Bon, monsieur « colon-hyper-sympa-bobo-jaimetroplesnoirs » et toute sa famille sont déjà accolés aux San pour immortaliser le pouce en l’air leur moment. Mal-aisance du moment... ou plutôt « Ik ben très mal à l’aise » 


Nous laissons nos guides San dégeler auprès du feu quand nous allons chercher du réconfort dans un café avant de replier bagages et tente! 

Les paysages défilent toujours arides et arborés. Nous privilégions les pistes plutôt que la route directe. De trois heures de route, nous passons à six. On n’a pas l’habitude de voir une route droite de 200 km... 

Quand la route n’est pas droite, elle est abîmée par des flaques d’eau ou elle suit le relief des dunes nous donnant l’impression d’être sur de véritables montagnes russes. Six heures avant d’atteindre le Quivertree. Une forêt de Kokerboem, ce n’est pas vraiment un arbre mais un aloe qui découpe le ciel en formant des ombres spectaculaires. On l’appelle aussi l’arbre carquois car son écorce servait à faire ces outils indispensables aux indigènes. Ses feuilles sont assez épaisse pour empêcher l’capotranspiration et sont donc des réserves d’eau indispensables dans le désert. Une nouvelle adaptation au milieu hostile. Sous tous les angles, on se demande ce que cet arbre vient faire là ! La chance est de le voir fleurir en juillet. Sur chaque photo prise, la lumière semble avoir changé, l’ombre bougé, la découpe en contre jour semble sortie d’un compte maléfique mais enchanteurs. Nous trouvons alors un simple promontoire de caillou afin d’assister au coucher du soeil sur cet étrange forêt. Notre étape était longue mais encore une fois, le spectacle en valait la peine. Les centaines de branches découpent un ciel toujours plus foncé et l’atmosphère mystérieuse des lieux nous envoûte.