Jours 21-22 cap sur Walvis Bay


Texte à 4 mains de Anthony et Salvatore 


Une fois n’est pas coutume, alors que le Soleil se cache toujours derrière les montagnes, Salvatore se lève avant Anthony. Marre d’être toujours sur le dos de Simone les nuits glaciales! Du duvet, de la couette et du matelas ! Jouer à Robinson Crusoe deux jours, c’est romantique, passé ce temps, c’est du scoutisme pour cheveux gras. Et puis se lever en ayant l’impression que l’odeur de saucisse vous collera à vie, descendre de la tente et pisser sur de la pierraille qui vous éclabousse les chevilles ça ne vous rend pas plus homme! Non... juste moins fréquentable. Heureusement, Walvis Bay est une ville, sur la côte. Et puis y a même des palmiers qui font Miami. Et y aura des restaurants avec des gens qui vous servent! Le bonheur s’achète mes amis! Vous pouvez acheter les autres pour qu’ils vous rendent heureux. Mais laissez leur un pourboire et lavez -moi ces cheveux. Oui, vivre dans la cambrousse et attirer les Fennecs juste par l’odeur vous rend chien. 


Anthony regarde les couleurs du ciel, Salvatore prend une bonne douche (froide, fallait-il préciser ?) collé au mur, la pression ne permettant pas de jet, il faut saisir le ruissellement et jouir du bonheur de sentir toujours autant le charbon. Mais le charbon mouillé. 



La route pour Walvis Bay nous aurait semblé longue il y a de ça 1 mois, mais finalement 4h de route c’est un peu comme aller au supermarché du coin dans ce pays. Oh! Un canyon ! Oh une plaine désertique! Oh... non mais regarde! REGARDE DEVANT! Un supermarché, une galerie commerçante! Des gens qui promènent des chiens! 

UNE VILLE! Avec infrastructure de ville et tout, hein! Des maisons 4 façades toutes vitrées face à l’océan, deux restaurants, un port, une route piétonne tout le long du lagon avec des joggeurs, un artiste qui danse dans la rue, un fou qui parle tout seul et tout le monde qui l’ignore : la ville!... Nous sommes accueillis par le soleil, la fraîcheur des embruns marins et les flamands roses qui par centaines scrutent, bec en eau, l’océan. A force de traverser des endroits désertiques et des fermes isolées, à force de n’avoir fréquenté que des établissements où des lieux plus ou moins touristiques, nous n’avions pas réussi à nous forger une image du Namibien et cela restait un petit regret. Pourrons nous enfin échanger avec la population? On va d’abord échanger avec le SAS d’hygiène corporelle et s’offrir une douche à pression. Odeur du savon qui gagne sur le charbon. « Birds in the Sky, you Know how i feeling. It’s à New done, it’s à New day, it’s à New Life... and I’m feeling good »


Vêtu d’un jeans et d’une chemise, direction un restaurant sur la jetée. Manger du poisson et regarder un dauphin venu faire le show. Apparition brève mais magique. Nage petit poisson! Demain, on te retrouvera dans notre safari marin, en attendant, nous mangeons ton amie la lotte qui est trop bonne ! Passe-moi le sel. 


Le petit matin, après un déjeuner copieux à discuter avec notre hôte, un autre français, nous partons pour notre safari marin. Hissez haut Santiano! Premier émerveillement : toi mon ami le pélicans ! Quel magnifique oiseau des mers ! Un bec bleu et jaune, les yeux maquillés de mauves, des plumes roses... ils viennent quémander du poissons aux guides suivis de très près par les otaries qui montent sur le bateau et ouvrent une large gueule pour gober les poissons. C’est amusant comme la frontière entre l’état sauvage et une certaine domestication est floue. En tout cas, ils ont bien compris où ils pouvaient gratter! 

Il est évidemment interdit de toucher ces animaux... Leur état sauvage les rend peu prévisibles. Ces animaux se sont habitués aux hommes et tout aussi fou que cela puisse paraître, ils communiquent avec eux. La quantité astronomique de poissons donnée par le matelot est bien inférieure à la quantité qui leur est nécessaire afin d’éviter la domestication. Faire un selfie avec un pélican est une première et le bel animal opportuniste est poseur. Le long de la baie, une nurserie de milliers d’otaries joue avec les vagues. Une colonie incroyable de cormorans effleurent l’eau pour se poser sur le sable. A mesure que nous prenons le large ce sont les dauphins qui viennent se frotter aux bulles que fait notre catamaran. Nous connaissions le big five des safaris, nous venons de rencontrer deux du big five aquatique de Namibie: l’otarie et dauphin. Il ne nous manque plus que la Baleine, le poisson-lune et la tortue. Bon, cette dernière, c’est mort, car elle ne vient sur les côtes namibiennes qu’en décembre et janvier donc nous faisons une croix sur elle. Quid des deux autres? Il ne nous a pas fallu longtemps avant qu’une nageoire ne dépasse la surface et semble tourner en rond. Un « mola-mola », le poisson-lune monte à la surface. Nous sommes chanceux car c’est un animal très timide, le voilà qu’il reste quelques minutes à proximité de notre bateau. Trois du big five marin ! Nous laissons l’animal faire des cercles dans l’eau. Interdiction de le stresser. 


Nous virons de bord (enfin le bateau, parce que nous, on garde le cap!). Anthony fait connaissance avec des Français, Salvatore pressent que la capitaine n’a pas pris cette route pour rien. Et soudain, surgie d’un rêve de gamin, une queue immense ! Voilà. 


Mais non... pas juste ça ! La reine, the queen of anthartic, the one and only, miss Whale à bosse! La Baleine à bosse nous fait un défilé hiver que Anna Wintour aurait trouvé « Classic » mais pour l’heure, nous sommes la larme à l’œil. Genre: « waw » « wow » « Chabat » « wizz ». Nous sommes scotchés et émus par la grandeur et l’élégance de l’animal aux proportions hors normes. L’instant dure peut être 15 secondes, mais il suffit à vous gonfler d’une émotion d’émerveillement. Il n’y a plus d’adultes sur le bateau, que des gamins aux yeux ronds remplis de bijoux qui deviendront des souvenirs. 


La mer, ça creuse. L’émerveillement aussi. La guerre, c’est la guerre, nous dezingons les pauvres petites huîtres et les poissons locaux que l’on nous sert sur le bateau. Accompagnés de son vin blanc pétillant. Elle est où la vie de Robinson? So far away, San Francisco ! 


Comme si la journée ne nous avait pas offert assez, nous montons à bord d’un 4x4 à l’aventure du désert. Monter et descendre des dunes à plus de 80km/h. Anthony ne se sent plus, Salvatore non plus, mais la sensation n’est pas la même. 


Pause dans le désert pour faire l’apprentissage de notre biotope. Notre ranger nous montre un splendide animal demi transparent demi jaunâtre : un gecko des sables, endémiques à la région. Vulnérable au soleil, nous le protégeons de la lumière et le regardons dans ses grands yeux semi-aveugles qui lui servent à absorber l’humidité de l’air. 


Au bout du parcours l’œuvre du Benguela: la rencontre du désert et de l’océan. Vision surréaliste des dunes qui se jettent dans l’Atlantique comme un combat entre l’eau et le désert. L’océan arrête brutalement le mastodonte de sable et inversement. Muets, nous retournons vers notre lodge avec WI-FI à gogo! Vas-y Frankie, c’est bon! Le temps de faire savoir qu’on est en vie et puis de filer au restaurant.


Sur le chemin du retour, la Lune roussit et s’éclipse sous l’ombre de la terre. Total éclipse dans nos cœur! Temps parfait pour rester là à regarder le nouveau spectacle du soir! Nos paupières se ferment presque toutes seules...

Le matin, le ciel a disparu sous l’épaisse brume de l’océan. Route pour Swakopmund située à une trentaine de km de Walvis Bay. Une autre vision du désert nous est offert. La visite se veut absolument éducative. On nous parle des côtes namibiennes les plus marquées au monde, images à l’appui, des traces de pneus défigurent le paysage. 5 années ont été nécessaires pour nettoyer le désert des bouteilles et des plastiques laissés par l’homme. Notre ranger est donc strict et nous demande de ne pas laisser nos traces de chaussures partout mais de le suivre à la file indienne. Le vent n’érode pas le sable caillouteux. Un peu dur le règlement, mais lorsque l’on regarde les couleurs de ce déserts, et les courbes parfaites des dunes, on comprend le boulot que cela a demandé pour que chaque touriste puisse photographier le même paysage: du sable jaune traversé par des vagues roses, violette et noires. Chaque couleur ayant son histoire et son intérêt. Nous apprenons donc comment se forment les dunes et quelle biodiversité peut vivre dans un décor aussi hostile. Le vent du Kalahari et de l’Angola amènent des herbes au pieds des dunes où viennent se nourrir une quantité d’insectes (plus ou moins 200 sortes de scarabées). Eux-mêmes attirent Geckos, lézards, caméléons, araignées blanches, des souris. Tout ça attire les serpents qui s’en repaissent. Eux-mêmes dévorés par les aigles. Eux-mêmes mangés par les chacals (si le serpent a gagné) Alors, vous comprenez ? Marcher et rouler un peu partout dans le désert, revient à défigurer un paysage, rouler sur ses habitants et donc tuer ceux qui finissent par nous débarrasser de ces saloperies de serpents! Le tout orchestré par le courant Benguela qui sustente en humidité tout ce petit monde dans un des milieux les plus hostiles au monde. L’Afrique nous aura offert un panel insoupçonné de safaris: la savane sèche, la savane très humide, l’océan et maintenant le désert. Nous allons de découvertes en découvertes et d’aventure en aventure, de train en train, de port en porc parce qu’on a faim là.

P.S. Si vous retrouvez toutes les chansons cachées du texte on vous fait une spéciale cacedédi. 


Anthony et Salvatore